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Le Destin de Louane

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ghostjango
Nartack
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Message par Nartack Lun 25 Juil - 16:38

La ferme n'avait pas eu de client depuis cinq jours. Elle tournait au ralenti depuis un moment déjà, mais même les locaux de la cité en ruines : Honoros, ne passaient plus comme auparavant ! Peut-être que Kraxus, l'énorme golem de fer qui protégeait l'endroit, effrayait les gens.
Une telle créature était imposante, c'est vrai. Mais son utilité avait sauvé tant de fois Hogarion le fermier et ses filles : Sophiana et Treeçy... Kraxus avait été offert par un vieil ami ingénieur à la famille Goriat, sans raison précise, quinze ans plus tôt, avant même que Treeçy, la cadette, soit née. C'était aussi avant que les brigands de Goratrann n'envahissent Sithis, et viennent razzier les terres proches d'Honoros. Autant dire que le golem avait été d'une défense non négligeable face à ces malandrins.
Hogarion sortit de la ferme, se retournant au palier, il s'adressa à Sophiana assise sur son lit, en train de recoudre un vieux vêtement : « Je pars à Honoros, voir si je peux revendre quelques carottes et patates. Garde un œil sur Treeçy, elle a tendance à... »
« A s'éloigner de la ferme. Oui je sais »

Hogarion sourit et sortit. Il faisait beau et chaud. Kraxus patrouillait sans fatigue autour de la maison, il le faisait jour et nuit, assez silencieusement... Le fermier s'approcha brièvement de ses pousses, correctes et en nombre intéressant. Soudain quelque chose attira son regard, un reflet anormal et des bruits d'armure. Une femme approchait, armurée de fer, sa démarche ne dégageait rien d'agressif et la hache de la nouvelle arrivante demeurait dans ton étui.
« Bien le bonjour ! » lui lança Hogarion, ravi de voir un potentiel client.
« Salutations. » lui répondit-elle, s'approchant encore.

Un silence s'installa, coupé par Hogarion, légèrement gêné, qui préféra lâcher un banal : « Belle journée vous ne trouvez pas ? ». La femme, à la voix assez jeune et aux longs cheveux blonds, approuva la remarque sans y prêter attention. Elle examinait l'endroit d'un air curieux.
« Voudriez-vous nous acheter quelque chose ? Une partie de ma culture est à vendre et... »
« Une partie de votre culture... » coupa la femme, semblant presque dans la lune. Elle plongea ses yeux bleus dans ceux du vieux fermier.

Treeçy, qui courait bruyamment autour de la maison, passa à côté de son père qui la retint, l'attrapant par le bras : « Tu veux bien te calmer un peu ? Rentre aider ta sœur ! »
La femme s'était approchée des pousses du fermier, elle se tourna vers ce dernier et lui balança :
« Ce sont toutes vos cultures que je veux ! »
« Ah ! » lâcha Hogarion, commençant à voir clair dans le jeu de l'intruse. « Vous voulez tout nous acheter ? »
« J'ai un mandat de perquisition de votre ferme. » lâcha sèchement la femme.
« Mais... » celle-là, il ne s'y attendait pas ! « De la part de qui ? »
« Dhahab souhaite prendre possession de votre ferme. Elle constitue un lieu stratégique pour le commerce »
« Mais... non ! Je n'ai pas eu de client depuis cinq jours ! Les gens passent par la route de derrière, et personne ne fait attention à ma petite ferme. »
« Nous saurons rendre l'endroit plus attirant ! »
« Mais... je ne comprends absolument pas ! Je n'ai jamais eu le moindre ennui avec Dhahab ! De plus, il s'agit d'un civilisation lointaine, et si riche... »

Hogarion ne comprenait vraiment pas pourquoi les choses prenaient une telle tournure. Pourquoi Dhahab voudrait prendre sa misérable ferme ?! Il n'allait pas se laisser faire...
« Kraxus ! » appela-t-il. L'énorme golem s'approchait lentement. « Vous savez pourquoi notre ferme a su survivre à toutes les merdes qui sont tombées sur Ahvelen et ses pauvres habitants comme moi, c'est grâce à lui ! »
La femme, impassible, attrapa son arc et tira sur Hogarion, lequel esquiva de justesse, tombant sur les fesses. Il put voir Kraxus foncer, ses lourds bras ballant, vers le brigand. Le fermier ne perdit pas de temps, il se dépêcha de rejoindre ses filles, à l'intérieur de la ferme. Il leur fonça dessus et les prit par les épaules. Elles étaient paniquées, comment leur en vouloir ? « Restez à l'intérieur les filles ! Coûte que coûte ! »
Sur ces mots, le père ouvrit le coffre de la demeure et en sortit sa vieille hache de bois, lui servant plus à couper du bois, elle pouvait aussi faire office de moyen de défense. Hogarion n'avait jamais été un militaire, ni un guerrier, ni quoi que ce soit, mais il avait déjà tué pour défendre sa famille, et il allait recommencer !
Dehors, la guerrière courrait pour échapper aux poignes féroces de Kraxus, la pourchassant sans répit. De temps à autres, elle se permettait de lui décocher une flèche semblant magique, mais la plupart ricochaient contre l'acier qui encerclait le golem et sa magie interne.
« Fuyez, pauvre fou ! » lui hurla le fermier.
Hogarion attendit que la femme se rapproche suffisamment de lui, dans sa course, et il lui sauta dessus, lui assénant un coup de hache dans le genou. La guerrière sembla tressaillir, elle chuta lourdement dans la boue, sur la rive du petit étang bordant la demeure des Goriat.
Le golem déboula sur sa cible à une vitesse impressionnante. Il la saisit et la souleva par la jambe, s’apprêtant sûrement à la démembrer. Mais la guerrière tira rapidement sa hache de son étui et frappa violemment le bras de Kraxus. L'arme, en diamant, devait être enchantée, car le coup éclata l'acier, le transperçant et le faisant fondre.
« Non ! » s'écria Hogarion, impuissant face à la libération de la femme. Celle-ci se dépêcha d'atteindre le vieux fermier, et lui asséna une violent coup à la hanche, laquelle se fendit dans éclaboussure de sang.
L'homme hurla de douleur, alors que la hache magique lui brûlait les chairs et les organes internes. La femme retira son arme, et le vieil homme tomba lourdement, à la limite de la conscience. Treeçy surgit de la ferme, en pleurs, et vint réconforter son père. Kraxus sembla réagir à l'attaque sur ses protégés, il s'intensifia en agressivité, pourchassant la guerrière plus vite encore.
Le golem se démenait pour rattraper sa cible, mais celle-ci, après un tour de l'étang, alla se réfugier dans la ferme. Kraxus, trop gros, n'y rentrait malheureusement pas.
Hogarion serrait des dents, la blessure, bien que partiellement cicatrisée à cause de la brûlure magique, saignait abondamment. « J'vais pas m'en sortir... » se dit alors l'homme, en proie au désespoir.
Puis, son cœur se brisa, il put voir la guerrière se présenter sur le porche de la ferme, maintenant Sophiana, une dague à la gorge. Elle lança, menaçante : « Donnez moi la ferme ! Maintenant ! »
« Je... Je ne comprends pas ! » parvint à dire Hogarion, dont le monde s'effondrait désormais à grands morceaux.
« Tout de suite ! »
« Prenez la ! Prenez cette foutue ferme ! » le vieil homme pleurait. Il se disait alors que les brigands avaient cédé leur place à des monstres bien pires. Que devenait ces terres, autrefois glorieuses et prospères ?... « Laissez nous partir et prenez donc cette ferme ! »
Hogarion rappela Kraxus et lui ordonna de s'éloigner un peu. Il sentait ses forces partir, mais il conservait son énergie pour accomplir toute action qui sauverait la vie de ses filles, et éventuellement la sienne.
Le golem recula d'une vingtaine de pas. Hogarion fit un effort démesuré pour se relever, il chancela mais Treeçy le maintint, lui évitant une lourde chute. Elle aussi pleurait, seule Sophiana semblait garder un minimum de sang froid, alors que la lame de la guerrière lui chatouillait encore sa douce gorge.
La femme lâcha son otage assez délicatement, laquelle se mit à reculer, se réfugiant dans la ferme, mais gardant un œil sur les événements à l'extérieur. Elle s'avança vers Hogarion, leva sa hache, et l'abattit sur le crane du vieil homme, la tête éclata sur deux côtés, éclaboussant Treeçy qui, prise d'une panique incontrôlable, cria, sa voix aiguë mêlée à des pleurs hoquetant. Elle prit la fuite quelques secondes après la mort de son père.
La femme lâcha sa hache qui se planta alors dans le sol, prit son arc et tira une flèche qui vint se loger dans la nuque de la fuyarde, celle-ci eut le cou transpercé de part en part. Ses pleurs devinrent de gargouillis qui s'évanouirent assez rapidement. La gamine avait fini de courir pour de bon, et tomba brutalement avant de glisser sur l'herbe. Elle était encore prise de spasmes.
La guerrière n'en eut cure, elle se dirigea vers la ferme, apercevant brièvement le golem qui revenait à la charge. Sophiana hurlait des « non » apeurés et pleurait tout son saoul. Elle se débattit dans son agresseuse la saisit par les cheveux, et continua un certain temps, même quand la dague lui déchira la trachée. Les gestes, violents, ne cognaient malheureusement que le fer de l'armure, et perdant leur intensité très rapidement, il ne devinrent que des saisies désespérés de tout ce qui pouvait être saisi à portée de bras.
Des cognements sourds se firent entendre, Kraxus était désormais hors de lui ! Il arracha finalement plusieurs planches du toit et du mur de la ferme, et finit par enfoncer le reste dans une charge qui fit éclater une bonne partie de la demeure. Il tenta d'attraper la guerrière, mais celle-ci esquiva et sortit par la porte. Le golem la pourchassa, explosant à nouveau un mur de la maison pour surgir sur l'extérieur. La créature magique se lança aux trousses de la femme, piétinant au passage Hogarion, écrasant sa cage thoracique inanimée.
La course poursuite était serrée, Kraxus courut à une vitesse phénoménale. La femme n'eut pas d'autre choix que de foncer vers l'ouverture d'une grotte dans le sol, et de sauter par-dessus. Le golem ne savait pas bondir, il chuta dans le trou qui n'était pas assez profond pour qu'il s'y tue.
La femme profita de cet instant de répit pour aller se cacher dans des talus non loin. Elle patienta, voyant, à sa grande stupeur, le golem qui escaladait la paroi de la fosse dans laquelle il était supposé demeurer coincé.
Combien de temps passa ? La femme n'avait pas d'horloge pour s'en faire une idée. Tout ce qu'elle sût, c'était que ce fut long. Le golem tourna autour de la ferme longtemps, très longtemps... Il semblait perdre en intensité combative. Finalement, pour une raison très obscure, Kraxus partit. Il prit une direction totalement abstraite, ne suivant même pas une route, et s'en alla, calmement, presque tristement, mais dire « tristement » pour quelque chose d'inorganique était stupide...




Louane était enfin sortie de sa cachette. Elle avait mal au dos et aux genoux, à force d'avoir attendu dans ces buissons non loin. Mais enfin elle avait réussi ! Elle avait conquis la ferme. Nicosm allait être fier d'elle, elle n'en doutait pas. Elle commença à prendre connaissance des dégâts engendrés par le golem, lors de son énervement et de sa destruction de la ferme. « Quelle créature dégénérée ! » se disait-elle alors.
La pauvre ferme tenait debout, mais semblait défier les lois de la Physique, tant son équilibre semblait surnaturel, de par la destruction quasi-totale de deux de ses murs (sur quatre!). Il y aurait du travail à faire pour rénover cela. Ou pas d'ailleurs, pour rendre l'endroit plus attractif, il faudrait sûrement détruire cette bicoque.
Fier de sa conquête, Louane imaginait déjà la structure du comptoir marchand qui allait pouvoir succéder à la ferme. Puis il entendit des pas, quelqu'un approchait. Sur ses gardes, Louane jeta un œil. C'était quelqu'un de l'Union : Johnny. Un jeune elfe, chasseur, que la jeune femme femme avait déjà aperçu plusieurs fois.
Presque rassurée, elle ne percuta qu'un peu tard que trois cadavres gisaient autour d'elle, et que la suspicion du meurtre allait irrémédiablement peser sur elle ! Irrémédiablement ? Non. Elle pouvait s'inventer un alibi ! Elle retira son casque et s'approcha de l'arrivant.
« Bonjour ! » lui lança-t-elle.
« Euh... Salutations, Louane. » Jean-Paul observait la scène, abasourdi. « Que... Qu'est-il arrivé ? »
« Le golem de fer qui traînait autour de la demeure est devenu fou, il a tué tout le monde... J'ai pu le mettre en fuite... »
« Mais... où est-il parti ? »
« Je l'ignore. » Louane craignait vraiment de ne pas parvenir à chasser les doutes, tout semblait pointer qu'elle était la meurtrière...
« Et... Que faisiez-vous là ? » s'enquit Johnny, qui regardait le corps mutilé d'Hogarion.
« J'étais initialement venu pour... acheter quelques légumes au fermier. »
« Mmh mmh... » la septicité dont faisait preuve l'elfe était tout sauf dissimulée.
Les armes de Louane était encore enveloppées de sang, des gouttelettes rubis perlaient, chutaient, s'étalaient sur l'herbe et étaient absorbées par la terre.
« Pourquoi pas. » sembla conclure l'elfe. « Et qu'allez-vous faire des corps ? »
La question fit presque plaisir à Louane, car elle avait déjà imaginé une histoire en guise d'alibi :
« J'ai trouvé leur testament. Conformément à celui-ci, je vais les brûler et jeter leurs cendres dans l'étang, juste là. »
Johnny apporta son aide à l'acte. Ils réunirent les corps et les brûlèrent. « Les mutilations présentées sont vraiment l’œuvre d'un golem ? » se disait l'elfe. « Louane me prend pour un abruti... »
Les corps peinèrent à brûler, seules les cheveux des filles prirent au début, les vêtements étant trop gorgés de sang. Si bien que les visages, fondant, devinrent vite des masques abominables de chair coulante. Louane semblait s'acharner au travail, mais Johnny, débecté par la scène, prit du recul et respira un bon coup. Quand il revint, les vêtements, les brindilles et les pages des quelques livres trouvés dans la ferme, formaient enfin un brasero convenable.
Sans trop savoir comment il en était arrivé dans une telle situation, Johnny attendait aux côtés de Louane, laquelle observait avec intérêt la ferme. Elle lâcha finalement, d'un ton imposant : « La ferme appartient maintenant à Dhahab. »
« Je vois... » pensa immédiatement Johnny. « Voici donc que tu révèles les intentions de ton crime. » L'elfe aurait voulu appliquer un châtiment sur l'instant, mais Louane était équipée, lui non. Il n'avait qu'une vulgaire épée sur lui. La jeune femme, elle, était blindée derrière des plaques de fer. « Je pourrais juste lui trancher la gorge, elle a retiré son casque... » échafaudait Jean-Paul. Il se ravisa dans cette idée, se jugeant sale de penser ainsi. « Peut-être est-elle vraiment innocente, en plus... »
Les doutes lui travaillèrent l'esprit toute la soirée, même quand le brasier s'éteignit et que les restes étaient transférés à l'étang. L'elfe sût qu'il souhaiterait être partout ailleurs, quand il retomba à nouveau sur quelque chose de macabre : un morceau de bras dont la décomposition par les flammes ne s'était jamais terminée, conservant alors un aspect plus proche de ce qu'il fut à l'origine, que d'un os. Il jeta le membre dans l'étang, déprimé au fond de lui-même.




La nuit suivante, Louane la passa à Dhahab. Elle était rentrée en carriole et réunissait le matériel pour s'en aller bâtir son comptoir. À la cité marchande, il n'y avait presque personne. Nicosm, Keith et Pearl, entre autres, étaient partis pour négocier des traités de commerce avec des peuples un peu plus lointains.
Cherchant le sommeil, Louane mourait de chaud, elle s'était débarrassé de sa couverture de fourrure, mais l'atmosphère régnant dans sa chambre était pesante, lourde. « Il ne fait jamais si chaud la nuit ! C'est aberrant ! » se dit-elle, s'extrayant alors du lit et s'asseyant à son rebord. Une odeur étrange envahit la chambre, rappelant la décomposition de légumes et très intense.
Elle se leva et, un peu à l'instinct, se dirigea vers ce qui semblait être la source de cette puanteur. Elle descendit l'escalier menant à sa salle des coffres. Tout était sombre. Elle passa dans la salle des tonneaux. Les animaux enfermés dans la salle à sa droite gémissaient. Elle continua, et finit dans son couloir à chaudrons, faisant face à la large bain creusé à même le grès. L'eau qui y stagnait était d'un rouge sombre, et s'y elle qui dégageait cette odeur.
« Si lointain, et si riche... » sembla soupirer une voix derrière elle. Elle fit volte-face et sursauta en voyant qu'Hogarion lui faisait face, bien vivant mais semblant morne. « Pas eu de client depuis cinq jours. »
« Que me voulez-vous ? » lâcha Louane. « Partez, fantôme ! »
Hogarion ne partit pas. Il gémissait en continu, d'une voix grave et saccadée, les yeux dans le vague, la mâchoire décrochée. Puis un coup de hache survint de derrière l'apparition, fendant la tête de celle-ci en deux. Hogarion chuta, s'étant arrêté de gémir immédiatement.
L’agresseur n'était pas identifiable, c'était une silhouette sombre, violente et sans pitié. Il fonça sur Louane, et la frappa de sa hache dans le plexus. L'arme resta plantée, et la jeune fille, hurlante, glissa, trébucha et atterrit dans l'eau rouge, éclaboussant toute la pièce. Quand elle reprit ses esprits, étonnée d'être en vie, elle se rendit compte qu'il n'y avait plus d'agresseur.
La douleur la suffoquait toujours, cependant. Elle se releva, difficilement, et hésita à retirer la hache, elle craignait de s'ouvrir en deux si elle le faisait. Elle se posa contre un mur, et appela à l'aide. Soudain, le corps d'Hogarion s'anima. Il se releva lentement et fit face à Louane, sa tête était divisée en deux, côtés ballants à l'opposé, filaments de chair les reliant avec peine.
La stupeur fut à son comble, quand Louane vit d'étranges tentacules gigotantes, comme des racines, surgirent de la tête fendue d'Hogarion. Les maléfiques membres s'élevèrent et vinrent s'enfoncer dans les briques et la pierre des murs et du plafond. Le corps se souleva, désarticulé, et fut pris de petits spasmes rapides.
Louane hurlait, elle tenta de passer sous l'horreur pour fuir, mais trébucha quand un tentacule lui saisit la cheville. Elle tomba sur le ventre et... la hache lui enfonça la cage thoracique. Elle sentit son souffle se couper sur l'instant, la respiration devint subitement impossible. La douleur et tous les autres effets étranges se présentèrent juste après.
Le front contre la froideur du grès, Louane serrait des dents. Le tentacule lui serrait la cheville de plus en plus fort, puis la lâcha soudainement. « Père ! » résonna une voix de fillette. Il sembla presque à la jeune femme, que cette voix était la sienne, quand elle était plus jeune. Elle releva la tête, et vit le corps d'Hogarion, toujours suspendu, en train de s'enrouler sur lui même, dans un sens, puis dans l'autre, et ce sans cesse, sans se rompre. Ses membres commencèrent à s'affoler et se plièrent dans des angles inhumains, à des points de ruptures ne correspondant même pas aux articulations !
Puis tout cessa, Hogarion était nu, recouvert de sang, et sur son torse, un visage féminin était apparu, criant: « Père ! »




Louane se réveilla dans sursaut. Dans sa tête, c'était clair : Elle était hantée par Hogarion et ses filles ! Elle mangea l'esprit peu tranquille. L'aube pointait, dehors, accompagné d'un vent frai. La jeune femme avait prévu de débuter la construction du comptoir marchand... Mais elle se ravisa, elle sut ce qu'elle devait faire.
Il y a quelques jours, elle avait tenté d'invoquer une force surnaturelle, sacrifiant des poulets et dessinant divers cercles ésotériques dans sa cave. Le rituel, elle ne savait comment le mener, mais depuis toujours elle avait été fasciné par cet aspect de la magie, celle liée aux entités d'autres monde, voire aux dieux. Au terme de l'invocation qu'elle avait mené, les dieux s'étaient moqué d'elle, faisant apparaître de nombreux poulets qui envahirent la cave, piaillant dans tous les sens.
Il lui fallait retenter le rituel, en offrant bien plus d'offrandes ! Elle arrêta ses activités de l'instant et se lança corps et âme dans sa nouvelle entreprise, kidnappant trois poulets au passage. Elle les égorgea et les vida de leur sang, réitéra l'écriture des symboles ésotériques et réparti moult objet, plus ou moins précieux, un peu partout. Elle récita longtemps des prières improvisées. Son objectif révélé à voix haute : Ramener à la vie les Goriat.
Elle commençait à perdre espoir quand des flammes surgirent en une puissante colonne spiralée et tourbillonnante. Elle ferma les yeux l'espace de quelques secondes, et quand elle les rouvrit, elle constata que les offrandes n'étaient plus, que le sang de poulet lévitait en gouttelettes dans la pièce, tournant autour d'une entité impressionnante.
Ce nouvel arrivant surnaturel était grand de deux mètres, avait une allure humaine mais avait la chair noire, semblant carbonisée, fissurée en nombreuses failles où semblait briller une lave verdâtre. L'être avait deux yeux blancs, dont les pupilles, se distinguant en étant légèrement plus grises que le reste, bougeaient sans cesse, analysant l'endroit. Si cette chose avait été humaine, il n'en subsistait aucune émotion, car la face malsaine de la créature était morne, si émotions il y avait, c'était alors à cause de la structure du visage que l'on ne le devinait pas...
Aussitôt, laissant son étonnement de côté, Louane réagit comme il la semblait le plus adapté : « Ô dieu des âmes ! »
« Louane... » lâcha l'être, semblant esquisser un sourire. Sa voix convainquait définitivement de sa supériorité divine, une telle puissance, un tel écho, ne pouvait être que la voix des dieux.
« J'ai commis une erreur ! Et ... »
« Oui, tu as tué le fermier Hogarion et ses filles, je t'ai vue. Un acte assez violent. Mais je devine aussi que tu souhaites te racheter. Sinon, tu ne m'aurais pas fait venir, n'est ce pas ? »
« C'est tout cela ! Oui ! » Louane n'en revenait pas, elle faisait face à un dieu, et lui parlait ! « J'aimerais... J'aimerais pouvoir les ramener à la vie... Que vous les rameniez à la vie... »
« Voici une belle requête. Mais les choses ne se passent pas si facilement, tu le devines bien. Si tu veux ramener trois âmes, il va falloir en donner autant en échange... »
« Ah !... » Louane n'avait pas anticipé les choses ainsi. Les dieux n'étaient donc pas bonté absolue ? Seraient-ils juste des marchandeurs ?

L'hésitation se mit à peser sur les épaules de la jeune fille. Puis un « Louane ! » familier retentit d'en haut. Un second suivit. C'était Vokkun qui la cherchait pour une raison inconnue. « Pourvu qu'il s'en aille... » se disait-elle... Mais il vint, déboulant dans la cave et restant tétanisé face à la scène. Le dieu ne lui adressa pas un regard, il se contenta de sourire à Louane, lui disant, calmement : « N'oublie pas notre marché. Si tu l'acceptes, viens me trouver à la chapelle en ruines, à côté d'Honoros. »
Dans une nouvelle bouffée de flammes, il disparût. Seuls trois poules demeurèrent, gloussant doucement. Vokkun était perplexe. Louane se tourna vers lui et dit, sévèrement : « Qui t'a donné la permission d'entrer comme ça ? »
Vokkun se contenta simplement de répondre, de sa voix agile et féline : « Je t'ai à l'oeil, Louane. »




La vieille chapelle se trouvait à proximité de la porte sud d'Honoros, la porte menant au port. En sortant de la ville, on faisait face aux ruines d'un bâtiment construit avec ces briques cramoisies et rougeâtres venant du Nether, bâtiment ayant probablement abrité un portail pour rejoindre cet autre monde.
Un ancien sentier débutait à gauche, les arbres en léchaient les pierres de leurs branches envahissante. Le chemin n'était long que d'une trentaine de mètre, à son terme, nous trouvions une ancienne tour effondrée, à droite, et la chapelle. Autour de celle-ci, le sentier se divisait en deux continuités menant vers l'inconnu.
L'édifice était croulant, détruit depuis bien longtemps, en témoignaient la végétation drue et les deux arbres ayant élu domicile parmi les restes de planches de bois moisies. Le toit de pierre n'avait plus de forme distincte, seules des colonnes distordues de briques anciennes témoignait d'une toiture passée. Par delà les failles de ce plafond, le jour se découvrait, nuageux et lourd. Les pluies ne sauraient tarder.
L'endroit, somme toute, était sinistre et pouvait inquiéter (après tout, se prendre une pierre sur la mouille était loin d'être tentant...). Non. En vérité, ce qui inquiétait Louane, c'était la rencontre avec l'entité.
Dans les ruines, ses marques prises, elle se mit à appeler : « Dieu des âmes ? », puis « Dieu des âmes ! ». La voix de l'entité se manifesta finalement, avant que son corps n'apparaisse à son tour, au sein d'une bourrasque de flammes. Le divin personnage flottait dans les airs, avec une grâce particulière... « Tu es finalement venue... » lâcha-t-il, semblant satisfait.
« Votre marché... Il tient toujours ? » s'enquit Louane, consciente qu'elle paraissait sotte.
« Oui. Je veux toujours trois âmes en échange de celles des Goriat. Je pensais que tu les avais déjà... »
« Je m'en charge ! Je sais où les trouver ! »
« Tu sais que tuer quelqu'un ne suffit pas ? Ramène le moi vivant, je me chargerai du reste. »
« Je l'avais deviné! »

Louane, presque réconfortée, avait déjà une idée : où des âmes d'hommes qui seraient non regrettés l'attendaient. « Louane ! » retentit la puissante voix du Dieu des âmes. « L'une de ces âmes doit être la tienne... »
La jeune femme fut prise de stupeur, elle se retourna aussitôt, désemparée : « Ce n'était pas le marché que nous avions conclu ! »
« J'ai eu envie de rajouter une condition ! » répliqua l'être divin. Louane avait des doutes, ce qu'elle avait cru être une condition fondamentale de la résurrection de Goriat, ne semblait être, au final, qu'un jeu malsain dont les règles variaient selon le bon plaisir du dieu. Était-elle prête à donner sa vie ? « Je n'ai que seize ans ! » lança-t-elle, presque en larmes, face à un cul de sac et pensant qu'attiser de la pitié lui permettrait d'en dégager l'issue.
« Sache que la plus jeune des filles que tu as tué n'avait que treize ans. L'aînée, elle, avait une année de plus que toi. Les âges n'importent peu, quand la mort vous prend, seuls vous, être mortels, assimilez la maturité à la légitimité de la mort. Un vieillard sera moins à pleurer qu'un enfant, car celui-ci perdrait alors tout son potentiel de vie, mais au final, ça n'est qu'une âme prise. Une âme semblable à toutes les autres. Bref, respecte ta part du marché, ou disparais à jamais. Si tu choisis de partir, ne m'appelle plus jamais, même pas pour renégocier la proposition. »

Ce monologue terminé. L'entité disparût, ce qui rompit alors toute possibilité de continuer le dialogue. Mais à quoi bon le continuer ? Le dieu avait été ferme. Louane ne voulait pas mourir, mais cela était peut-être nécessaire... Sans lançant, sans être sûr de vouloir accomplir son sacrifice, sur la route menant au phare en ruines, de l'autre côté de la baie du port d'Honoros, elle prenait du recul sur son acte. Comment réagiraient les autres marchands de Dhahab, en apprenant son triple meurtre ? Connaissant suffisamment Nicosm, elle se mit finalement en tête qu'un châtiment lui tomberait dessus... Son acte avait été démesuré, mais elle ne s'en était même pas rendu compte... Et s'ils s'étaient rendus aussitôt, aussi ! Elle n'aurait pas eu à se défendre comme elle l'a fait ! Elle a paniqué, Pa-ni-qué.
Mais le mal était fait. Elle devinait que son alibi, celui qu'elle a ragoté à Johnny, ne suffisait pas. Que rien ne pourrait la légitimer, ni l'innocenter. Peut-être devait-elle tuer Johnny... Mais s'il avait déjà raconté ses soupçons, ça serait les attiser encore plus !
Puis elle reprit ses esprits. « Que suis-je devenue ? » lâcha-t-elle, tout haut, les pieds la menant vers un destin désormais incertain. Elle se sentit malade d'être elle-même, si désorienté. Sa détermination concernant le sacrifice s’endurcissait. Son choix se faisait, petit à petit, à tâtons, comme si un courant de peur l'empêchait de se bâtir instantanément. C'était étrange, comme chaque choix qu'elle accomplissait par la suite, semblait lourd, lourd de conséquences, elle avait l'impression de marcher dans de la mousse.
Elle humait l'air et les parfums, savourait les couleurs du port, de la muraille et de la plage, écoutant les oiseaux marins, le vent, les quelques voix des habitants des taudis. Elle n'imagina pas une seconde l'idée de retarder l’inévitable, pour vivre un peu plus, savourer une dernière fois certaines choses, en découvrir d'autres, elle ne voulait pas accentuer le doute de partir. Elle voulait que son choix soit spontané, car elle le trouvait alors plus pur. Un élan d’empathie lui prit quand elle se dit que les filles d'Hogarion, elles, n'avaient pas eu le temps se savourer leurs derniers instants. Mais, après tout, elles allaient revivre ! Pourquoi pas profiter, rien qu'un peu, du bonheur de la vie. À nouveau, les tentations revenaient, pernicieuses, perçant la carapace de sa volonté comme des dagues acérées, mais elle se rattrapa, colmatant les failles à l'argile de sa crainte. Elle avait peur, et cette peur lui paraissait de plus en plus floue, sans pour autant s'atténuer. Elle se demandait par quoi elle était si effrayée...

La phare fut atteint. Louane s'était équipée en sachant pertinemment ce qui l'attendait. Deux brigands avaient élu domicile dans ce phare, ils dépouillaient les gens du port et tuaient les intrus. Ils étaient dangereux. La jeune femme enfila une armure de cuir, leste et efficace, elle avait son arc enchantée, sa dague et sa hache... Oui. Les armes de son crime. C'était instinctivement qu'elle les avait prises, après coup, elle s'était dit que c'était une façon de sublimer son acte, ramener les âmes des Goriat avec les tranchants et pointes qui les avaient emportés.
Le phare, ramassis étonnant de briques d'argile cimentées et maintenues par des cerceaux d'acier, n'avait pas survécu aux nombreuses années qu'il avait vu s'écouler. En deux endroits de la façade actuellement visible, des trous étaient apparus, comment ? On pourrait croire au tir d'un canon... De l'autre côté (c'est pas là que nous rentrons), une plaie saillante éventrait la tour, jusqu'à son brasero éteint depuis bien longtemps, si bien que de la cendre, persistante, voire éternelle, avait chuté en bas, formant un épais tas gris. Des plantes grimpantes, comme partout en Ahvelen, dévorait les murs, pendantes dans le vide et présentant des épines acérées à certains endroits.
Détail amusant de l'ensemble : le sol entourant le phare n'était que sable granuleux et humide mais, collé aux briques d'argile, une petite parcelle fleuri subsistait. Quelle survie malgré cette solitude ! Quelque chose d'aussi incongru laissait dire que cet espace vert ridiculement petit était né grâce aux brigands du phare, qui auraient l'âme fleuriste.

Louane avait déjà étudié le terrain, rapidement mais suffisamment. Elle savait déjà quelle approche accomplir pour neutraliser les brigands. Elle grimpa les lianes, fermement accrochée, du versant d'arrivée, et atteignit l'un des deux trous de l'enceinte du phare. Elle put y pénétrer et tomber, silencieusement, sur les restes de ce qui fut un des étages de l'édifice.
Elle jouissait alors d'une vue imprenable sur les brigands qui mangeaient calmement leur repas, de la poiscaille à l'odeur. Ils ne discutaient pas, mais leurs mastications, elles, résonnaient dans le squelette décrépi du phare. Louane sut qu'il n'était pas nécessaire d'apprendre la nuit. Elle s'était attendu à la nécessité de capturer les victimes et de les ramener vivantes. Si elle avait su invoquer une entité divine, c'est qu'elle s'y connaissait un minimum en ésotérisme.
Elle sortit de sa sacoche des potions splash, qu'elle avait confectionné elle-même ! Elle n'eut qu'à les laisser tomber en contrebas, entre les deux bandits. La fiole éclata dans un bruit étonnamment peu fort, et une vapeur mêlée de blanc et de cyan s'éleva. La surprise des deux pourris avait été soudaine, mais ils n'eurent pas le réflexe de s'éloigner. Les effets de la mixture inhalé ne tardèrent pas à se montrer. Les hommes se mirent à toussoter, puis chancelèrent, se parlèrent entre eux, enfin... ils bougonnèrent et râlèrent, ce fut tout ce qu'ils purent faire. Finalement, un premier chuta lourdement par terre. L'autre, alerté, vint à son secours, s'agenouillant auprès de son ami, avant de tomber lentement sur lui.

Les brigands avaient une barque, et Louane ne se gêna pas pour l'utiliser, y embarquant les deux corps ronflants. Le retour à la chapelle ruinée fut physique, il fallut emmener les corps, un par un, à la force des bras et à la résistance des épaules. Elle dut même les déshabiller pour les alléger, ce qui fut d'une complexité peu facilitée par les odeurs corporelles des deux bougres. Et comme si tout cela ne suffisait pas, dès lors qu'elle eut déposé le premier brigand, la pluie se mit à tomber, crachin initial suivi cinq minutes après d'une averse.
Complétant donc sa quête, Louane avait la tête ailleurs, emportée par des réflexions. Comment ne pouvait-elle pas l'être ? Elle allait aux devants de sa propre mort, ne sachant, en plus, de quelle façon elle allait intervenir... Est-ce que ça serait rapide ? Douloureux ? Pas beau à voir ?
Elle s'aborda aussi la question de l'après-mort. Qu'est ce qui m'attend derrière le voile du décès ? Dans un monde si étrange que le sien, elle ne doutait pas que des gens aient déjà une réponse à la question mais, elle, n'en avait aucune. Mystère total. C'était pas une peur qu'elle ressentait à ce sujet, non. Elle se posait réellement la question, et éprouve presque (Presque) une excitation à l'idée de découvrir l'au-delà.
Voilà, elle avait peur de la mort, mais était intriguée par ce qui suivrait. Ce genre d'état d'esprit qui te surprenne toi-même quand tu les adoptes.
Les rêves, eux, revinrent en nuées, lui tournant autour, lui chuchotant ce qu'elle aurait pu faire du restant de sa vie. Retourner auprès des parents. Ou grandir, fonder une famille. Ou demander le pardon aux marchands de Dhahab et continuer les aventures qui lui avaient tant plu jusqu'à peu. Mais elle se convainquit qu'il était trop tard pour reculer. « Je n'aurai pas la lâcheté de fuir mes responsabilités ! » se dit-elle, la détermination regonflée à bloc.

Elle déposa le second corps sur le vieux plancher de la chapelle et se mit à appeler. Dès le premier « Dieu des âmes », l'intéressé apparut, surgissant de l'ombre, comme s'il avait attendu le retour de Louane.
« J'ai déjà emporté l'âme du premier. » lâcha-t-il de sa voix des tréfonds. « Plus que lui, et toi. »
De ces derniers mots, Louane crut deviner une certaine satisfaction sadique. « Es-tu prête ? » lança l'être surnaturel, s'approchant de Louane et du brigand.
Une courte hésitation n'empêcha par le « Oui » de sortir, un « oui » ferme que rien n'aurait su retenir. À croire qu'on l'avait forcé à le dire. « Bien... » fut tout ce que répondit le Dieu des âmes. Il se baissa alors sur le brigand, posa sa paume sur le torse de l'endormi, et chuchota quelque chose en une langue n'évoquant rien de ce monde. « Tu devrais ne pas regarder. » conseilla-t-il à Louane qui ne détourna pas le regard.
Le corps fut pris de spasmes, alors que sa chair se grisait progressivement des extrémités jusqu'aux cœurs des membres. L'homme commença alors à gémir en continu, ouvrant grand la bouche et les yeux (qui se révulsèrent alors), et alors qu'une chose étrange, indescriptible, semblait sur le point de surgir de la gorge du pauvre bougre, Louane détourna son regard. C'était.... vraiment horrible. « Je ne veux plus... » se disait-elle, « Pas comme ça ! ».
Les râles affreux continuèrent quelques secondes, avant de s'estomper brutalement. Louane se retourna, et lâcha : « Je ne v... ». Sa phrase n'eut pas de fin, le Dieu des âmes lui avait posé la main entre les seins, et ce fut alors comme si elle gelait de l'intérieur.

La nuit qui suivit, la foudre et la pluie s’abattirent sur Honoros et sa région. Un éclair tomba sur ce qui restait de la Ferme d'Hogarion, mais celle-ci prit juste feu. Un pochtron du Taureau Bleu pourra alors témoigner que, dans la nuit, sous le torrent de l'orage, il aperçut une bête de fer passer. Il la suivit et se rendit alors compte que c'était le golem des Goriat, qui revenait à la ferme. La créature y alla pour mourir. La voyant s'écrouler et demeurer sans le moindre geste, le bougre s'approchera alors d'une ferme qui n'était pas si ruinée avant la tempête (il serait prêt à la parier!).
Le golem était par terre, mort aux pieds de trois piquets sur lesquels étaient plantées des visions d'horreur. Les têtes plus ou moins décomposées, plus ou moins brûlées, plus ou moins charnues, des Goriat. Son cri de terreur poussé, l'homme alcoolisé crut perdre la tête et décampa au plus vite.
La foudre continua à rompre le son et la lumière. Ce fut tout ce qu'il advint à la ferme. Les Goriat ne revinrent jamais à la vie.



Elle errait depuis... elle ne le savait même pas, perdue, réprouvée du monde des vivants, invisible. Elle n'était plus qu'une âme, n'avait-elle pas trouvé le chemin de l'autre monde, du paradis (ou de l'enfer...). Voir le monde comme il l'était désormais était éprouvant mentalement, mais elle ne pouvait plus vraiment l'être physiquement.
Tout n'était qu'auras ou obstacles spirituels, ressentis ou blocages totaux par quelque chose de magique (ou je-ne-sais-quoi). Cette nouvelle perception du monde avait tant dérouté Louane qu'elle avait erré dans l'inconnu et le vide pendant... non. Il n'était plus raisonnable de parler de temps, car elle ne le ressentait plus comme elle avait pouvait le faire de son vivant. À vrai dire, elle ne ressentait plus rien comme avant. Tout était différent et les seuls stimuli ressentis n'étaient que d'espèces de sensations de présence, enfin... c'était compliqué à détailler.
Tout se qu'elle finit par comprendre, Louane, c'était comment détecter la présence d'êtres vivants, notamment les civilisés. Elle se mit alors à la traque de quelqu'un de puissant, qui pourrait la connaître et l'aider. Elle savait que les prisonniers de la mort pouvaient envoyer des appels à l'aide aux vivants, communiquer avec eux, faire savoir leur présence.
Ce fut ce qu'elle fit, elle parvint à rentrer en contact avec Dovahdrim, lequel était déjà suffisamment puissant pour ressentir la présence familière de Louane à ses côtés. L'esprit de la jeune femme expliqua qu'elle avait été tuée, mais n'explicita pas trop l'histoire derrière sa mort, se justifiant par un manque de temps lui restant. Elle parvint à convaincre le Seigneur Loup de la ramener à la vie.
Dovahdrim avait eu des éclairs sur l'avenir, il avait perçu que Louane aurait un rôle important dans le Futur d'Ahvelen. Il se rendit alors au Culte des Ténèbres, avec lequel il avait des affinités. Il rallia divers sorciers et put débuter un rituel, toujours avec l'esprit à ses côtés.
Un pentagramme fut tracé en autre chose que du foutu sang de poulet. Tout était parfait pour un rituel ésotérique de transfert d'âme. La difficulté avait été de trouver un corps, il était, certes, plus probable que Louane aurait préféré son corps à elle, mais il avait été introuvable. Ainsi, il avait été nécessaire de prendre un corps frai, dont l'utilité première aurait dû être celle d'un cobaye d'une étude biologique.
Le cadavre avait le mérité d'être celui d'une femme, un bon début, mais il était assez âgé et au corps imparfait. « Ça fera l'affaire. » avait murmuré Louane.
Le rituel commençait enfin, après des heures de préparatifs. Il faisait jour et chaud, et l'impatience montait. Les voix des invocateurs et autres occultistes s'élevèrent en canon, graves et incompréhensibles. Dovahdrim avait appris des termes par cœur, et menait la cérémonie. Il n'avait qu'un faible rôle en tant que ritualiste, mais était très important en tant que catalyseur.
Puis il y eut une explosion dans le dos du Seigneur Loup, qui trébucha alors. Il se retourna et se releva. Un énorme trou défigurait le plateau où avait lieu le rituel. Des corps de quelques invocateurs gisaient sur les côtés, démembrés. De l'épaisse fumée de poix que crachait la terre surgit quelque chose de très puissant, qui voletait au-dessus du sol. L'entité vint finalement se poser face à Dovahdrim, lequel constata que nombres de sorciers avaient posé le genou à terre, mais il n'en fit pas de même.
« Bonjour, Dovahdrim. » lâcha l'apparition.
Le Seigneur Loup percevait les mises en garde de Louane dans son dos, mais il les ignorait. Il se contenta de poser quelques questions à l'entité, « Qui êtes vous ? », « Que voulez-vous », « Qu'est ce qui vous prend d'interrompre ainsi notre cérémonie ? ». Les réponses furent vagues, voire absentes. Tout ce que Dovahdrim put apprendre, fut que l'apparition était un sorcier nommé Tifter.
Celui-ci n'alla pas par quatre chemins. Il demanda pourquoi le Seigneur Loup souhaitait tant ramener Louane. « Car j'ai entr'aperçut son rôle dans l'avenir, nous avons besoin d'elle. » fut la réponse.
« Sais-tu seulement ce qui l'a poussé vers la mort ? » s'enquit Tifter.
Dovahdrim ne répondit pas, mais il fit un signe de tête traduisant son intérêt pour une quelconque réponse. « Louane a tué la famille Goriat, de la ferme d'Hogarion. Elle a égorgé une des filles, fendu le crâne du père, tiré une flèche dans la gorge de la cadette. Une boucherie... » L'histoire continua, et Louane se fit silencieuse, sachant qu'elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre.
Au terme de cela, Dovahdrim semblait hébété. Il lança aux sorciers : « On arrête tout ! », et un « Non! » désemparé provint de l'au-delà jusqu'à son âme. « Elle ne m'avait pas révélé ces actes... » confia le Seigneur Loup à Tifter.
Les invocateurs, obéissants séides qu'ils étaient, s'en allaient. Dovahdrim s'assit, déçu, quand il ressentit des ondes spirituelles des plus agressives l’assaillir. Tifter était là, immobile. Le Seigneur Loup devina alors que Louane cherchait à l'envahir, lui hurlant des cris de mort, lui lacérant l'âme de ses ongles spectraux, elle s'accrochait et voulait lui prendre son corps. Résister à une telle colère, surtout quand elle vous prenait par surprise, semblait ardue.
Mais Tifter lâcha : « Cela suffit ! », il leva le bras, déplia la paume, et une boule noire apparut. Elle aspira l'esprit de Louane, se condensa, et devint un bel œuf de poule qui atterrit dans la main du Sorcier. Ce dernier tint ce reliquat des plus atypiques à Dovahdrim, lui disant : « L'âme de Louane s'y trouve, fais-en ce que tu veux. ».
Sans hésitations, le Seigneur Loup lâcha l’œuf dans une des flammes utilisées pour le rituel. Ce qu'il advint de Louane à cet instant, il l'ignora. Tifter lui révéla que la jeune femme, son esprit, n'était plus. Elle n'existait plus.
Ce ne fut pas la seule révélation qui fut faite ce jour là. La discussion que tinrent Dovahdrim et Tifter fut un échange constructif, ou le Sorcier donnait de ses connaissances ultimes. Connaissances qui pourraient presque échapper au commun des mortels, tant elles étaient majeures. Mais le Seigneur Loup les absorba calmement, comme s'il eut été en train de bavarder avec un ami, autour d'une pinte, à la taverne. Son calme plut sûrement à Tifter, qui reconnût en lui un être puissant.
Louane ne jouerait pas de rôle dans l'avenir, mais le Sorcier ne douta pas que Dovahdrim, lui, en tiendrait un des plus majeurs.





HRP: Bon, voici un nouveau texte expliquant plusieurs changements au sein du jeu. La ferme d'Hogarion est donc plus qu'une ruine, et sa famille qui y vivait est morte. De même pour les bandits du phare d'Honoros, qui sont eux aussi morts. Et Louane est morte aussi (sacré lalagshs).
J'espère que le texte vous aura plu et qu'il n'est pas trop bourré de fautes.
J'vous dis à bientôt sur le jeu. J'risque d'être pas mal absent, car j'dois voir plein de gens, et faire plein de choses! Désolé d'avance !

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Message par ghostjango Lun 25 Juil - 16:56

J'aimerais te demandé un truc nartack tu compte te co ajrd?
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Message par Nartack Lun 25 Juil - 17:09

Nope! J'me connecterai sûrement pas cette semaine

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Message par ghostjango Lun 25 Juil - 17:22

Ok psk a partir de samedi jsuis denouveau parti :c
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Message par lalagshs Lun 25 Juil - 17:46

La fin c'est pas vraiment passé comme sa mais pas grave mdr deja 3eme perso bon j'espère qu'il poura pas et jean-claude n'étais pas là tu a confondu avec John :) Ahah je me vengerais nartack ;)
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Message par G1G4BL4Z3R Lun 25 Juil - 17:57

J'ai tout lu!!!
Sinon c'est vraiment bien,(et long!) instructif,(et long!!!) même si c'était un peu court(putaaain!)
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Message par ghostjango Lun 25 Juil - 18:01

Moi j'ai abandonné, après la 10eme ligne j'en pouvais plus alors apres j'ai regardé jusque ou le texte descendais sur la page jme suis dis nan c bon c mort la x)
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Message par lalagshs Lun 25 Juil - 18:04

Moi j'ai lut juste là où nartack à modifier un peu (beaucoup mais je t'en veux pas) l'histoire.
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Message par Usagi_Kuro Mar 26 Juil - 9:49

Tout lu et ....Saloperie de divinité mon Q !!
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Message par lalagshs Mar 26 Juil - 10:07

Ahahahah on est d'accord x)
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Message par louna13000 Lun 7 Nov - 18:08

Je n'ai pas eu le courage de finir, malheureusement ^^

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